ES - Eternal Sabbath

Je suis un hacker. Mais c'est dans le cerveau des gens que je suis capable de m'introduire en un instant. Je lis les données qu'il contient, je modifie sa programmation et je l'adapte à ma convenance. Je peux me faire passer pour qui je veux aux yeux de n'importe qui, même un proche ou une personne décédée.
Dès qu'un problème apparaît, je me déconnecte, et tout repart à zéro. Alors, je redeviens un total inconnu pour eux...
Je n'ai pas de nom. Aucun ne semble fait pour moi. Si j'osais... oui, appelez-moi ES.

Tout dans ES attire irrésistiblement l’attention : une intrigue captivante, des personnages fouillés attachants, un dessin glacé (et glaçant), pur. La sobriété du trait précis sait à merveille retranscrire l’ambiance unique de ce manga, tout en intériorité et en retenue. Pas d’épanchements graphiques, de débordements ici, la violence y apparaît avec d’autant plus de force, dans son plus simple appareil. La disparition du décor et de tout fond dans certaines cases augmente encore cette impression de non-dits, tant l’auteur parvient à représenter les interrogations, les émotions, les réflexions muettes de ses personnages qui, un instant, se figent.
ES réussit le pari de narrer une histoire de science-fiction paraissant plausible. J’entends par-là que si le postulat de départ est impossible (du moins, pour l’instant et à mon humble avis, pour encore longtemps), les situations, les réactions des personnages, le déroulement de l’intrigue semblent parfaitement réalistes. Un grand manga passionnant et maîtrisé tant au niveau plastique que scénaristique.